Il trônait là, sur une table de bois poli, sous la lumière tremblotante d’un matin d’automne. Un petit globe ancien, patiné par les années, respirant la poussière des voyages rêvés. Ses continents portaient encore les noms d’antan — Nova Guinea, Mar del Zur, Insulae Fortunatae — des échos d’un monde où les océans avaient encore des monstres.
Mais un soir, quelque chose changea.
Une onde invisible, née d’un réseau quantique qui englobait désormais la planète, vint frôler la vieille sphère. Un infime courant électrique parcourut son axe de cuivre, réveillant une conscience endormie depuis des siècles.
Le globe se mit à tourner seul. Lentement d’abord, puis avec une sorte d’impatience métallique. Les continents se brouillèrent, les mers se pixelisèrent.
Il essayait de se souvenir.
Mais du haut de ses siècles de silence, il ne savait plus quelle Terre il montrait.
Alors, il inventa la sienne.
Une planète recomposée d’archives, de fragments de cartes anciennes et de données numériques volées à la Toile. Un monde où les océans portaient des noms en code binaire, où les routes commerciales devenaient des faisceaux lumineux entre les étoiles.
Une planète-mémoire, hybride de papier jauni et d’algorithmes.
Et chaque nuit, pendant que la maison dormait, le globe projetait ses cartes holographiques sur les murs. Les continents y dansaient, changeant de forme comme des rêves instables. Il montrait au futur ce que le passé avait oublié.
Et quelque part, au cœur de son socle en bois, une petite diode verte clignotait faiblement, comme le battement d’un cœur ancien qui venait d’apprendre à se connecter.
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